En quelques années à peine, le Motion Design (ou design d’animation) s’est imposé comme un véritable médium de communication. De facto, il a colonisé tous nos écrans. Retour sur les dessous d’une invasion programmée.
Début des années 2000. Le motion design fait ses premiers pas dans l’univers de la communication. Et là, tout ne fut pas si facile !
Nicolas Simon, réalisateur pour l’agence rennaise Graphisweet se remémore un « little far-west » balayé par une frénésie créative et un développement anarchique : « A l’origine, il y avait des graphistes et des designers. Appelons-les les apaches ou les natifs si vous voulez. (Rires) Ils vivaient paisiblement pour et par leur art pour les plus chanceux d’entre eux. Et puis… Et puis, les grandes agences de publicité et de communication parisiennes sont arrivées avec leurs grands sabots et au triple galop. »
La raison de toute cette agitation sortirait presque d’une comédie dramatique signée Charlie Chaplin : La ruée vers l’or. Sauf que là, les prospecteurs ont eu la main heureuse : « Elles (les agences) ont commencé par expérimenter ce nouveau support surtout pour de grandes marques. Et rapidement, elles ont détecté tout le potentiel mass media du motion design. La veine trouvée, il n’y avait plus qu’à creuser le filon et doper la communication audiovisuelle des annonceurs et démultipliant les contenus originaux. »
Le format aux dimensions de l’époque
L’époque est à l’instantané, à « l’impactant » et au pédagogique ou au décalé. Des attributs qui collent parfaitement à la peau du motion design. Et puis nous sommes entrés des deux pieds dans l’ère du numérique et des réseaux sociaux. Les tuyaux sont là. Les nouveaux usages aussi.
Une rampe de lancement idéale comme le confirme Vincent Tricot, dirigeant et co-fondateur de l’agence Graphisweet : « Cette émergence soudaine et fulgurante a été rendue possible par la convergence entre la technique et la pratique, entre les contenants et les contenus. On est entré avec précipitation sur de nouveaux territoires de communication. Certes, il y a eu du tâtonnement et de l’apprentissage mais il y a maintenant beaucoup de technique et de recherche d’efficacité pour ne pas dire d’efficience. En cela, le motion design peut-être considéré comme un objet disruptif ou pionnier, comme un étendard marquant la fin d’un territoire inconnu.»
Un bon investissement
Un élément est souvent passé sous silence dans l’analyse du phénomène : son coût. Car ici sévit une légende des plus coriaces. Vincent enchaîne, plus rapide que son ombre : « Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce sont des projets complexes. Et les coûts peuvent rapidement grimper surtout s’il y a de la 3D et du coup pas mal de calcul et des calendriers contraints. Mais au final, le client a un produit qui peut être formaté diffusé sur internet, les réseaux sociaux, des écrans numériques, en TV, lors de conférences, en interne, en externe, etc. Sans oublier l’expertise et la technicité. Mais pour un annonceur c’est un très bon investissement. » Surtout quand on détaille le ROI et les KPI* au regard d’études quali ou quanti.
Les résultats sont là. Les études sémios peuvent le confirmer.
Même les collectivités s’y mettent. « La tendance pour le public, à l’instar du privé, c’est de réaliser des motion design en complément d’un rapport d’activité ou d’un rapport développement durable. Avantages : limiter la diffusion et faciliter l’intérêt pour les politiques publiques. 2 min à voir c’est quand même plus efficace que 200 pages à lire ».
Les balles sifflent.
Bien choisir son prestataire
Loi du marché oblige, le besoin s’est progressivement transformé en filière. Les grandes agences ont créées des pôles dédiés au motion design pour répondre à la demande grandissante. Des formations ont vu le jour. Les freelances ont colonisés le marché de la province. Des agences se sont même spécialisées dans le domaine (surtout en région Ile-de-France et dans les grandes métropoles françaises).
Preuve d’une certaine maturité du secteur.
Une difficulté perdure néanmoins : celle de l’agilité et de la réactivité de la réponse à une commande. Un Motion Design demande du temps de conception et de réalisation et une grande implication du donneur d’ordre notamment sur la partie scénaristique (ou le storytelling). Sans parler des contraintes techniques : choix du concept et de la ligne graphique, technique d’animation et de réalisation, incrustation de vidéos ou d’effets spéciaux ou 3D, de compression, format de diffusion, wording associé, etc.
Pour que ce « mixmedia » ne devienne pas un « maelstrommedia », le mieux c’est encore de demander conseil.
* Key Performance Indicator.